Cahier de doléances, plaintes et remontrances des villages de Peyriaz et Giriaz faittes en exécution des ordres du Roy publiées le huit mars mil sept cent quatre vingt neuf.

 

1° Les dits habitants se plaignent que les impôts royaux sont trop forts et trop multipliés, estimant qu’il est à propos d’en établir un seul qui se lèvera en nature ou valeur sur chaque propriété sans exemption ni privilège quelconque et de la manière la plus simple et la moins dispendieuse, qu’ils sont obligés de porter leurs deniers royaux à Beley qui est à l’extrêmité de la province et traversent des montagnes toujours couvertes de neyge dans le temps où ils portent les tailles, ce qui les expose à périr, ont le danger d’être volés, qu’il est à désirer d’établir une autre manière de verser les impôts dans les cofres du Roy parce que celle qui existe absorbe une grande partie des impôts.

 

2° Demandent la suppression des bureaux, des traittes de gabelle dans l’intérieur du royaume, principalement, la liberté du sel rendu marchand. Ce dernier objet est un de ceux que les habitants désirent depuis long temps et qui leur est le plus nécessaire parce que l’argent étant rare dans ces pays et le prix du sel excessif, ils en usent très peu et pensent que c’est là la cause de bien des maladies qui règnent souvent sur les personnes et presque continuellement sur le bétail à corne, ce qui désole ces campagnes et leur enlève tout ressource.

 

3° Désirent l’établissement d’une cour souveraine pour être jugez en dernier ressort, composée de juges pris dans les trois ordres qui sera placée à une distance convenable et qui serait d’un grand soulagement pour le tiers ordre surtout moins en état de supporter les frais de justice qui dérangent souvent sa fortune, perdant d’ailleurs beaucoup de temps prétieux par le trop grand éloignement de son dernier tribunal.

 

4° Désirent qu’il soit fait un nouveau tarif des droits de contrôle de manière que chacun puisse connoître et comprendre les droits qu’il doit payer à l’effet de quoi ils doivent être simplifiez, ils sont aujourd’huy trop compliquez et ils varient eux-même à chaque instant par les différentes décisions et arrêtés de la compagnie. Ils s’apperçoivent même que souvent, on leur fait payer des droits non dus mais comme pour se les faire rembourser il en couteroit beaucoup plus de frais pour reppetition que la somme qu’ils auraient à reppeter ils aiment mieux supporter cette vexation ce qui est réellement un abus dans cette mattière à laquelle il est important de pourvoir.

 

5° Désirent la suppression des mains-mortes, lods et servis, sauf l’indemnité due aux seigneurs auxquels les autres droits (…..) et honorifiques seront réservés trouvant la main-morte qui prive une fille de succession de son père à défaut d’enfant mal est dure et odieuse.

 

6° La suppression de la maîtrise des eaux et forêt dont la juridiction sera attribuée aux justices royales et en première instance aux justices seigneuriales.

 

7° La suppression des Greffes de hypothèquers, l’édit qui les a créé étant peu connu des gens de la campagne, au moyen de quoy il s’y (….) peu ce qui peu leur être dommageable et la source de bien des procès.

 

8° que n’ayant point de ressource pour se procurer les objets les plus nécessaires à leur subsistance, que cependant outre la chereté  du sel en dessus, ils se trouvent encore depuis quelque temps très surchargés par la chèretté progressive des soulliers qui est parvenue aujourd’huy à un point qui met les trois quarts dans l’impossibilité de s’en procurer ce qui devient  une raison de plus pour la suppression de tous impôts indirects, qu’ils habitent en terrain très aride et très froid de manière que les charges royalles, seigneuriales et es dîmes qui sont très forts étant levés et payés, il leur reste très peu de choses, aussi sont-ils obligés de s’expatrier six mois de l’année pour pouvoir subsister.

 

Suivent les signatures de :  François Benoît, Benoît Saule, Jean-Baptiste Benoît, Jean-Baptiste Saule, Jean Joseph Benoît, Brice Rouset, Amant Rosset, Joseph-Marie Benoît, Gabriel Sonnet, Jean-Antoine Benoît, Chardon, et Jean Baptiste Goyffon, notaire royal à St Martin du Fresne, qui écrit le cahier.

 

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